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A l'époque de l'argentique le photographe utilisait des
rouleaux de pellicules. Il devait ensuite les développer
pour obtenir un négatif qui allait lui servir à
tirer des épreuves. Un négatif peut
être utilisé plusieurs fois pour obtenir de
nombreux exemplaires de la même photographie, cette fois en
positif. Le négatif permet également de faire des
agrandissements d'une image en la passant sous l'agrandisseur.
Vous avez sans doute entendu vos parents dire « je vais faire
développer mes photos ». Par cette expression ils
entendez : « apporter leurs pellicules au laboratoire pour les
faire développer et faire les tirages de leurs
négatifs ainsi obtenus sur papier photo couleur »
Faire développer ses photos regroupe en
réalité plusieurs phases bien distinctes qui sont
réduites au seul mot « développer
» alors qu'il s'agit d'opérations bien
différentes.
Voici l'ensemble des étapes qui sont accomplies de la prise
d'une série de photos à l'obtention des
clichés sur papier glacé :
Comme vous le voyez il existe deux étapes de développement avant d'obtenir une photo papier. Mais la seconde étape est associée à la phase du passage sous l'agrandisseur et on appelle cette étape le tirage. Il est possible à partir de négatifs d'effectuer ce qu'on appelle des re-tirages.
Cette étape délicate est elle-même
composée de plusieurs phases.
Tout d'abord il faut
être dans le noir absolu. La pellicule doit être
enroulée autour d'une spire qui sera
déposée dans une cuve.
La seconde phase : le révélateur
Le révélateur est un produit chimique qui
produira une réaction du film en fonction des zones
exposées ou non à la lumière.
Il faut passer le rouleau de film dans plusieurs bains et travailler
à température constante et
préconisée par le fabriquant des produits. Un
écart de température peut ruiner votre film. La
durée dans chaque bain est également
très importante, il faut la respecter scrupuleusement;
Le fixateur : ce bain permet d'arrêter le travail du
révélateur. On l'appel pour cette raison le
« bain d'arrêt ». Sans lui,
l'opération se poursuivrait et vous obtiendrez au final un
négatif opaque, ce qui vous donnerait des photos
entièrement blanches.
Le rinçage : le film doit être rincé
abondamment à l'eau
déminéralisée
Le séchage : les rouleaux sont suspendus à un
fil, une pince accochée en bas permet de les tenir verticaux
et éviter qu'ils ne s'enroulent. Le séchage doit
avoir lieu dans une pièce sans poussière. La
lumière est possible à ce stade du
développement
Le découpage : Il peut avoir lieu avant le
séchage. Il permet d'obtenir des bandes de
négatifs de 4 clichés, en
général.
A moins d'effectuer ses tirages par contact, il faut utiliser un
agrandisseur. L'agrandisseur permet de projeter une lumière
pendant quelques secondes à travers un négatif
pour exposer un papier photo réactif à la
lumière. L'agrandisseur nécessite de faire une
mise au point car en fonction de l'agrandissement que l'on souhaite la
mise au point sera différente.
Pour le noir et blanc on peut travailler en lumière
inactinique mais pour la couleur il faut effectuer les tirages dans le
noir absolu.
Les papiers photo étant réactifs à la
lumière il va falloir les développer un peu
à la manière d'un négatif. Une fois
exposé, le papier devra être plongé
dans différents bains révélateurs,
dans le bain fixateur et ensuite être rincé avant
l'étape de séchage.
Les deux phases d'exposition sous l'agrandisseur et du développement du papier exposé s'appellent le tirage.
Par abus de langage, quand on parle de faire développer ses photos c'est qu'on veut en fait en faire effectuer un tirage (ou un re-tirage). C'est d'autant plus vrai en numérique puisque l'étape de développement du négatif n'existe plus.
Dans les laboratoires industriels toutes les étapes de
développement du négatif au séchage
des papiers photos sont automatisées et sont
enchaînées à la suite les unes des
autres.
Une étape est cependant réalisée par
un humain. Il s'agit de l'étape de retouche. Cette
étape est très limitée et ne dure que
quelques secondes. Les rouleaux de films négatifs sont tous
attachés les uns au bout des autres et ils passent devant
les yeux d'un humain qui regardent à travers un occulaire.
Il décide alors de la durée du flashage sous
l'agrandisseur en fonction de l'exposition de votre négatif.
Il va tenter de corriger vos erreurs d'exposition à la prise
de vue en faisant varier, photo par photo, la durée de son
exposition sous l'agrandisseur. C'est ainsi que si on souhaitait
obtenir une photo sombre on se retrouvait souvant avec une photo papier
dont la luminosité avait été
corrigée au moment du tirage. Il fallait souvent demander un
retirage en donnant des instructions particulières au
laboratoire pour obtenir ce qu'on désirait. Mais les
laboratoires grand public faisaient en sorte de rattraper le plus
possible les photos réalisées par des amateurs et
qui bien souvent étaient mal exposées. Cette
étape était fort méconnue et on ne
s'en rendait généralement pas compte. Les
photographes amateurs étaient tout simplement contents
d'obtenir de belles photos de vacances bien exposées et ils
ne pensaient pas qu'une retouche d'exposition avait
été accomplie par le laboratoire.
D'autres retouches pouvaient être
réalisées pour supprimer des dominantes couleur
par exemple.
Pour les tirages professionnels et les tirages
réalisés soi-même il était
possible d'effectuer beaucoup plus de retouches sous l'agrandisseur.
Certains outils permettaient d'augmenter la densité ou de
réduire la densité des zones trop sombres. Il
était possible de faire du maquillage par zones. Pour les
zones trop sombres il faut les « retenir » afin
qu'elles apparaissent plus claires sur l'image finale. On utilise un
morceau de carton (parfois percé de trous) que l'on agite au
dessus de la zone à éclaircir pendant une partie
du temps de pose. Certains tireurs utilisent leurs mains pour masquer
certaines zones de la photo.
Lors du passage sous l'agrandisseur il est également
possible d'utiliser toute une variété de filtres
pour modifier les contrastes ou corriger une dominante de couleur. On
peut aussi utiliser des filtres à effets
spéciaux.
Vous l'avez compris, la retouche commence une fois le
développement effectué. Tout ce qui est accompli
après le développement dans le but
de modifier le résultat final est
considéré comme de la retouche.
Les retouches peuvent aller beaucoup plus loin, jusqu'à
peindre directement au pinceau sur le négatif avant de le
passer sous l'agrandisseur. Mais encore une fois c'est
effectué après le développement du
négatif.
La photo numérique a beaucoup de similitudes avec la
photographie argentique. Mais cette fois il n'y a plus de rouleaux de
films, plus de révélateur, plus de bains
chimiques, plus d'agrandisseur. Il reste malgré tout la
retouche et ces retouches sont effectuées sur ordinateur
dans des logiciels spécialisés pour la retouche
photo numérique. Le plus célèbre
d'entre-eux est Photoshop.
Comme pour l'argentique, il est parfois nécessaire de
modifier une image pour l'améliorer. Il est possible de
masquer certaines zones qui n'apportent rien à l'image, de
faire des recadrages, de corriger des dominantes de couleur et de
modifier le contraste.
La retouche a pour but de corriger les défauts d'une photo
et d'en augmenter le potentiel pour la rendre plus belle et plus
naturelle. Pour un portrait, par exemple, la retouche est
nécessaire pour que la personne paraisse à son
avantage tout en restant très naturelle. Une photo fige une
image et on peut alors voir tous les détails d'un visage et
ses nombreux défauts. Une personne qui se trouve en face de
nous, même imobile, ne présentera pas autant de
défauts car elle n'est jamais complètement
immobile. Le simple fait de respirer produit des mouvements
imperceptibles qui auront pour effet de réduire les
imperfections et les rendre invisibles à l'oeil nu. Mais si
on fige l'instant sur une photo on découvre alors tous les
petits défauts qu'il est nécessaire de corriger
pour rendre le portrait plus vrai.
Retoucher n'est pas tricher. Il s'agit simplement de corriger des
détails qui ont échappé au regard du
photographe lors de la prise de vue ou qui n'étaient tout
simplement pas maitrisables au moment du déclenchement. Si
par exemple vous avez pris rendez-vous avec un photographe pour
réaliser des portraits de vous et que le jour de la
séance vous vous réveillez avec un gros bouton
sur le front, accepteriez vous que toutes les photos vous
représentent de cette manière alors que
peut-être le lendemain ce vilain bouton aura disparu ? Est-ce
réellement tricher que d'uniformiser la texture de votre
peau ? Si vous le pensez alors vous devriez également penser
que la modification d'un éclairage est de la triche. En
effet, en déplaçant que très
légèrement un projecteur il est possible que
l'image obtenue soit totalement différente. Mais pourtant ce
n'est pas de la triche et ni de la retouche car la retouche ne commence
qu'après le développement.
Il ne faut pas confondre retouche et manipulation d'image. La
manipulation d'image a pour but de modifier une image pour en faire
autre chose qui n'existait pas lors de la prise de vue et qui n'a
jamais été enregistré par le capteur
de votre appareil.
La manipulation d'image peut être très artistique
mais peut aussi avoir lieu pour mettre en valeur le sujet en corrigeant
certains défauts physiques qui ne seraient pas
très esthétiques. On dépasse alors le
cadre de la simple retouche.
En numérique il n'y a pas de vrai développement.
L'étape qui s'apparente le plus au développement
argentique est ce qu'on appelle la « derawtisation
». Cette étape consiste à passer
l'image d'un format brut (RAW) à un format d'image
utilisable. Cette étape se faisait à l'origine SANS AUCUNE RETOUCHE, c'est à dire que l'image obtenue en JPEG ou en TIFF n'avait subit aucune altération par rapport à ce que le capteur avait enregistré. Tout n'était le fruit que de simples réglages basiques.
L'étape de derawtisation s'effectue avec un logiciel qui
s'appelle un derawtiser. Il en existe plusieurs sur le
marché et chaque fabriquant d'appareil photo
numérique propose son propre logiciel de traitement de ses
RAW. Chez Canon il y a DPP (Digital Photo Professional). Chez Nikon on
trouve Nikon Capture NX. Beaucoup préfèrent
utiliser des logiciels de développeurs
indépendants comme par exemple Capture One (de Phase One) ou
Lightroom (d'Adobe) ou encore DxO Optics Pro (de Dxo Labs).
La derawtisation consiste à effectuer des
réglages concernant l'exposition, le constraste, la
colorimétrie, le sharpness (impression de piqué),
la saturation. Dans les logiciels les plus
évolués il existe des outils de correction des
déformations de l'objectif, des outils pour redresser les
horizontales et les verticales et des outils de retouche assez
limités. Les derawtisers ne sont pas des logiciels
dédiés à la retouche bien qu'ils en
prennent de plus en plus l'apparence et s'approprient de plus en plus
d'outils issus des vrais logiciels de retouche. La raison
d'être des logiciels de derawtisation est de tirer de
meilleur de vos photos prises en RAW en les sublimant tant au niveau de
l'optimisation de l'exposition que de celle du contraste et en
magnifiant vos couleurs tout en tirant le meilleur parti de votre
matériel (que ce soit objectifs ou boitier).
Le principe des bons logiciels de derawtisation est de faciliter
l'editing sur toute une série d'images et d'automatiser les
corrections en reproduisants les mêmes réglages
d'une image à l'autre si elles ont été
prises dans les mêmes conditions. Au contraire, un logiciel
de retouche est plus destiné à traiter les images
une par une.
Les étapes de derawtisation («
développement numérique ») et de
retouche font partie de ce que l'on appelle la post-production. C'est
tout ce qui intervient (en général sur
ordinateur) après l'étape de prise de vue.
Avant d'arriver à une photo finale il faut passer par les
étapes d'editing, de derawtisation et de retouche.
Si certains pensent que le développement appartient au
passé et qu'il n'est plus nécessaire en
numérique, ou bien qu'il consiste à tricher ou
à avoir recours à la facilité, il faut savoir
que suite à un shooting la phase de développement
peut représenter 3 ou 4 jours de travail pour le
photographe. Ceux qui ont recours à la facilité
ce sont ceux qui gravent un CD de photos à la fin de la
séance. Ils n'ont fait que la moitié du travail
et si nous étions encore à l'ère de
l'argentique ils vous remettraient les rouleaux de pellicules non
développés à la fin de votre
séance photo et à vous de vous
débrouiller !
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